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20 juillet 2008 7 20 /07 /juillet /2008 06:00

Cuba Le 20/07/08

L'horloge de l'ordinateur restée à l'heure parisienne indique 22h45.

Ici, à La Havane, il est quatre heures moins le quart de l'après midi, la température extérieure est de 35 ° et la chambre dans laquelle je me trouve est rafraichie en permanence par un ventilateur. Le bruit qu'il fait me donne l'impression de dormir à coté d'un ordinateur en plein calcul.

Nous sommes chez Julio et Estrella, dans ce que les cubains appellent une "casa particular". La vie y est douce et contraste avec l'extérieur.

Dehors, la rue n'est rafraichie que par l'ombre des maisons délabrées qui se projette sur les trottoirs. C'est là qu'il faut marcher en évitant les ornières, et les chiens qui donnent l'impression de vouloir s'enfoncer au plus profond du sol, écrasés par la chaleur.

Les pas de portes sont tous occupés par les habitants des maisons. Ils suivent les passants du regard, jouent aux dominos ou réparent une des nombreuses vieilles américaines qui enfument les rues de La Havane.

Je suis également surpris de croiser régulièrement quelques grands gaillards dans nos âges en train de jouer ...aux billes!

De la ville, se dégage un brouhaha impressionnant.

Un trajet est rythmé par les coups de marteau, les cris des gens qui s'apostrophent entre eux, les coups de klaxon mêlés aux sirènes et tout un tas d'autres sons qui s'ajoutent et se mélangent les uns aux autres.

 

La musique...

La musique est partout!

Elle sort des fenêtres sans vitres, des restaurants où les orchestres cubains sont plus répandus que les chaines hi-fi (Bonheur !!!).

C'est impressionnant!

Je ne peux m'empêcher de penser à ce que nous avons perdu en France en réduisant de plus en plus la musique à un disque diffusé par des enceintes quelqu'en soit la qualité. Ici, la musique est vivante, elle fait partie du quotidien. Les rythmes traditionnels semblent être connus de beaucoup de cubains "non musiciens".

Même si pour le moment une grande partie de ce que nous entendons reste une musique faite pour accompagner les gens dans leurs moments de détente (entendez par là, une musique convenue), elle n'en reste pas moins d'une grande qualité rythmique ainsi que d'une grande expressivité.

Nous avons aussi eu la chance d'écouter le premier jour un concert de rhumba.

Imaginez la scène !

Une place cubaine  pleine de monde (des noirs et des métis en majorité), les habitants des immeubles à leurs balcons et au milieu une estrade.

Sur cette estrade, l'orchestre qui se compose d'une section rythmique comprenant un timbalero,  un güiro, un kata, plusieurs tumbadores et cajones et un joueur de clave (2/3) qui accompagne un coeur de cinq ou six chanteur.

Sur le devant de la scène, un chanteur noir plutôt âgé, qui chante des chansons que tout le monde semble connaître.

Il danse comme un endiablé, agitant un chiffon rouge, mimant un coït avec une des chanteuses du coeur qui danse en protégeant son sexe avec les mains le tout rythmé par des percussionnistes déchainés et encouragés par le public.

Et tout ca, après le premier coin de rue en sortant de la maison pour notre première visite accompagné de césar, l'ainé de notre famille d'accueil, un adolescent de quatorze ans plus dégourdi que beaucoup d'adultes de chez nous.

 

Malheureusement, tout n'est pas idyllique.

Dès le premier jour, nous constatons que les touristes sont l'objet de toutes les attentions.

Il est en effet difficile de faire plus de dix mètres sans être alpagué par un cubain qui cherche à obtenir tout ce qu'il peut de toi sous prétexte de te rendre service.

Même si ce rapport du à la réelle différence de richesse entre les habitants de l'île et les touristes est compréhensible, nous nous demandons si c'est l'unique composante de la relation entre les étrangers et les Cubains.

En effet, ce fonctionnement est érigé en système.

Par exemple, une fois les touristes alpagués, le "guide" les emmène dans une des nombreuses boites de la ville et partage avec eux une table. Il commande à boire pour tout le monde et une fois les boissons consommées et payées le triple voir le quadruple du prix normal, le guide conduit ces "hôtes" vers la sortie puis revient chercher sa commission au bar.

Si ce n'est pas un guide, ce sont des filles qui se posent à ta table suivant le même schéma auquel se rajoute évidement la proposition de t'accompagner chez toi pour un "moment de détente", bien sur contre rémunération !

La prostitution semble être monnaie courante à Cuba, du coup il n'est pas rare de se faire "allumer" de manière très engageante par de très belles filles quand tu ramènes ta tête de blanc occidental quelque part et de se voir rejeter de manière aussi claire quand tu fais comprendre que tu n'as pas envie de payer pour passer un moment avec elles.

 

Il nous faut donc apprendre à dire non, non, non et encore non...

Ce faisant, un problème se pose : comment être en contact avec les cubains sans voir le rapport complètement faussé par l'argent ?

Comment ne pas devenir trop méfiant quand aux intentions des gens que nous rencontrons.

C'est une question de temps.

Déjà, depuis nos premières expériences les choses ont évoluées, notamment grâce à la rencontre avec Théo, un percussionniste français de notre âge installé à Cuba depuis trois ans et marié à une cubaine.

Il nous présente aux gens avec qui il entretient des rapports sains et nous initie aux fonctionnements de la société cubaine.

Grâce à lui, nous avons trouvé un professeur de percussions avec qui nous allons apprendre une partie des rythmes rumba, salsa et son qui sont en grande partie à la base de toute la musique cubaine avec les batas.

Nous avons opté pour une apparence plus proche de celle des cubains (pas de barbe et de short par exemple), sommes sortis dans des endroits fréquentés en majorité par les cubains et rencontré des gens avec qui les rapports peuvent se développer de manière plus saine une fois que tu leur as fait comprendre, si besoin est,  que tu n’es pas un portefeuille sur pattes.

C'est là que les choses deviennent agréables et enrichissantes pour tout le monde.

 

Quoi qu'il en soit, après six mois à Paris, notre voyage a repris. Ouf... les choses évoluant de jours en jours, nous allons de découvertes en découvertes. Nous continuerons donc de vous tenir au courant au fur et à mesures de nos aventures.

 

La bise à tous.

Adrian

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