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23 juillet 2008 3 23 /07 /juillet /2008 09:45

Voila un article que j’ai commencé à écrire quand nous sommes arrivés à Cuba, il est loin d’être terminé (je n’y parle même pas de musique) mais plutôt de me dire que je vais le terminer et l’envoyer après (comme c’est le cas d’un article sur la Crête qui moisis sur mon disque dur depuis 6 mois) je préfère le publier aujourd’hui comme un complément des articles d’Adrian… Je vous embrasse tous et vous souhaite de bonnes vacances

Jacques

 

Chers gens,

Voila maintenant une semaine et demie que nous sommes à La Havane et je crois qu’il est temps pour moi de vous conter le début de notre épopée en terre Castriste.

 

            Avant tout, je voudrais préciser que nous sommes très heureux ici et que nous sommes en train de trouver ce que nous sommes venus chercher : la musique et l’authentique.

 

Une fois de plus, nous voila sur la route. Une route qui mène nulle part et partout à la fois. Une route qui pourrait s’appeler connaissance. Connaissance des peuples, des cultures, des valeurs. Une route qui a peut-être pour but de nous expliquer ce qu’on est venu foutre sur cette planète, de trouver notre place parmi nos semblables et de relativiser toutes les certitudes que peuvent entretenir chaque sociétés.

Notre véhicule ? La curiosité. La curiosité semble être une clef qui peut ouvrir de nombreuses portes. Combinée au culot, elle devient même un passe partout.

Notre route a commencée dans un restaurant cubain du bld Beaumarchais à Paris, lorsque la vie (et Daphné) a mis Pedro sur mon chemin. Pedro est un bongocero et chanteur cubain qui a pu quitter son pays en se mariant avec une française, ce qui est ici une des seules possibilités de sortir du territoire. Pedro nous a envoyé chez son cousin Julio où nous sommes depuis notre arrivée.

Ici chez Julio (vendeur de fruits), Estrella (femme au foyer) et leurs 2 enfants César (14 ans) et Diamari (11 ans), nous sommes aux anges.

Nous sommes choyés par Estrella qui s’occupe de nous comme si nous étions ses propres enfants, se fait du souci quand on rentre tard, fais la cuisine comme une reine et s’occupe de toutes les taches ménagères. A ce propos je dois dire que ce rôle de la femme, bien que très confortable pour nous, nous met relativement mal à l’aise car il ne correspond pas à l’éducation qui est la notre depuis que mai 68 et la libération de la femme sont passés par là. Ceci dit cela à l’air de lui plaire et je ne vois pas de quel droit on la pousserait à changer sa façon de vivre.  De plus, vu ce qu’ils gagnent à bosser pour la communauté ici, je peux comprendre qu’elle préfère se fatiguer à bosser pour sa propre famille… Ceci dit, on fait des efforts pour la ménager parce que si on laisse un truc trainer, la tornade blanche passe par la…

Julio, lui, sous ses apparences de macho bougon est également adorable, il travaille toute la journée (pour 25€ par mois…) mais essaye de passer du temps avec nous, nous fait découvrir la ville et les endroits susceptibles de nous intéresser.

César est un jeune garçon très éveillé, très curieux et passionné dans tout ce qu’il fait. C’est un amoureux de la musique et un percussionniste prometteur. Il semble beaucoup nous aimer et nous le lui rendons bien. Quant à sa sœur, elle est nettement plus réservée et il est pour l’instant assez difficile de construire une relation avec elle.

En tout cas, il règne ici une atmosphère d’amour vrai qui commence dans la famille, s’étend au voisinage puis à toute la société.

La société : parlons-en !

 Ici c’est censé être le communisme : effectivement les gens vivent dans des maisons qui leur ont été attribués par l’état. Ils ont des carnets de rationnement ce qui leur permet de manger correctement (du moins 15 jours par mois) : du pain, du riz, des œufs, du potage, de la viande… il y en a pour tout le monde. La quantité dépend du nombre de personnes dans la famille. Attention ce n’est pas gratuit mais c’est tout comme : un pain de 80g coûte avec le carnet : 0,05 peso cubain (sachant qu’il faut 24 peso cubain pour faire un cuc, la monnaie convertible cubaine alignée sur le dollar (dans ce texte je mets indifféremment cuc ou $ mais c’est pareil !)). Je ne sais pas exactement combien leur coûte un remplissage de frigo quotidien mais vraisemblablement personne ne meurt de faim et si tu vas chez un voisin ou quoi il y a toujours du riz et du potage même pour les invités. 

Par contre certains produits de première nécessité sont horriblement chers et hors de leur portée. C’est par exemple le cas du lait (et de tous les produits laitiers), nécessaire à la croissance des enfants, du café etc…

De plus certains produits manquent juste purement et simplement comme certains médicaments par exemple.

Pour la santé justement l’hôpital est gratuit pour les cubains  et les médecins compétents. Malheureusement, leur salaire étant ridicule par rapport à leur niveau d’études et à ce qu’ils pourraient gagner ailleurs, un grand nombre d’entre eux fuient le territoire.

Le coût de l’eau et de l’électricité est dérisoire, du coup tout le monde en est équipé, mais les installations sont tellement vétustes que tout fonctionne de manière intermittente :

 les coupures d’électricités sont courantes (je peux vous dire que quand vous êtes au lit, que dehors le temps est lourd est chaud et que votre ventilateur tombe en panne c’est le bad…) et l’eau n’est disponible qu’à certaines heures en fonction des quartiers (chez nous c’est de 17H00 à 3H00), du coup les gens s’organisent, remplissent des bassines d’eau, etc… l’un dans l’autre on s’y fait et ça fonctionne pas si mal.

Bien entendu l’eau est de qualité discutable, eux la boivent, et nous, la faisons bouillir avant car les bouteilles d’eau ou de soda sont hors de prix : 1,65$ la bouteille (par contre la bouteille de rhum blanc Havana club, elle, est à 3,85$...?!!).

Les transports publics, c'est-à-dire le bus (guagua) sont également donnés (0,40 peso cubain).

Pour le téléphone c’est une autre histoire : installer une ligne coûte une fortune (genre 1000$) mais après, les communications ne coûtent quasiment rien. Du coup il y a toujours un voisin ou 2 qui possèdent un téléphone, payé par la famille de l’étranger. Le téléphone du voisin est le téléphone de tout le quartier : on y reçoit les communications et on peut passer des coups de fils. Certains ont des téléphones portables (autorisées depuis le 1er avril) mais ça coûte cher et en plus ils doivent payer quant ils reçoivent des coups de fils, du coup ça fonctionne au sms.

 

Voila pour la base. Mais la réalité est assez différente. Du fait de la pénurie due à l’embargo américain et à l’arrêt des échanges avec la Russie - qui étaient d’ailleurs plutôt du mécénat de la part de la Russie-  les gens ont besoin d’argent et le capitalisme se fraye son chemin. Des devises entrent sur le territoire par l’intermédiaire des touristes et les cubains font leur possible pour que les touristes (ou yuma : étrangers) les dépensent. Filles, Alcools, boîte de nuits, hôtels, mais aussi shampooing, cigarettes, chaussures… de plus en plus de choses se payent en cuc et les cubains eux même ont besoin d’avoir des cucs pour acheter de nombreux produits de première nécessité.

Du coup des inégalités se créent et ça ne fait pas bon ménage avec le communisme.

Les gens font par exemple des échanges d’appartements : il est bien sur interdit d’acheter ou vendre des appartements (qui appartiennent à l’état et ne sont que mis à disposition des cubains) donc les cubains qui réussissent à gagner plus d’argent (comme ici chez Julio : notamment grâce à nous) échangent leur appartement contre un autre plus grand ou mieux situé moyennant rétribution.

Ici tout le monde se débrouille pour gagner de l’argent autrement. Beaucoup de gens ont de la famille à l’étranger qui leur envoie des sous. Comme je le disais tout à l’heure, il s’agit souvent de cubains qui se sont mariés avec des yumas et qui aident leur famille restée ici.

Certains donnent des cours (on donne autant par jour à notre prof de percu que pour la chambre, et tout ce qui va avec : bouffe, lessive, etc…). Certains vendent leur image : il y a par exemple une nana habillée en cubaine traditionnelle avec un cigare (éteint) de 40km de long dans la bouche qui passe sa vie à côté de l’église en attendant qu’on la prenne en photo pour 1$. Certains emmènent les touristes boire un verre, puis, une fois que le touriste a payé 2 ou 3 cuc le verre, ils retournent chercher leur commission.

D’autres font la pute ou le mac et malheureusement il y en a beaucoup…

Bref, comme le disait Adrian tout ça est bien entendu assez désagréable au début (« on nous prend pour des portefeuilles sur pattes »),  mais il semblerait qu’ils n’aient pas trop le choix et puis ce serait bête de ne pas en profiter.

Dans ces conditions vous vous doutez qu’on est plutôt bien entouré : quand on sort (généralement sur le malecon : le bord de mer) on paye à boire à tout le monde, les filles gravitent autour de nous dans l’espoir de faire la pute ou de se marier etc…

 

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commentaires

E
Ca c'est de la belle aventure. J'ai lu entièrement tous les articles et vu toutes les vidéos. Vive la vraie vie!<br /> Emmanuel
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Y
Tout ça est passionnant!<br /> Merci A bientôt et bonne continuation.<br /> Bye Yra
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J
Coucou jacques (et adrian)! un grand merci pour vos articles à tous les deux qui me font voyager de mon bureau parisien. Votre périple s'annonce bien parti, mouvementé comme il se doit... Profitez bien! A bientôt Bises++
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